mardi 18 décembre 2007

km 2 222,2 .... going solo




















El jadida plage ... le soir, le matin, une merveille, un "home" de réflexion ...




La route côtière, océan en colère, plage ravinée, le ciel va gronder

Coucou, me revoilà ! revenue à ce km 2 222,2 où je décide de tracer seule, où je me pose toutes les questions existentielles, comme si partir tout seule relevait d'une analyse psychiatrique ... Non ! c'était un défi ! n'était-ce pas ce que je recherchais depuis longtemps ? partir sans témoin et donner sans témoin, et construire sans personne et vivre ma vie, partager celle des autres, de ceux que j'ignore, de là-bas ou d'ailleurs, pour peu qu'ils soient meilleurs ! mais pourquoi pas ceux d'ici ? ceux que j'aime et qui m'aiment... et tout au long de ce récit, ce mot "amour" est latent, comme une doublure (terme de couture), caché en dessous, pour mieux se révéler, pour vous dire à distance, à vous tous mes amis, que vous m'avez manqué, que j'ai pensé à vous, que vous m'avez suivie tout au long de ces jours, et qu'il n'en est pas passé un sans une pensée pour chacun !


alors me voilà seule ... mais, non, pas tout a fait ... et si j'ai voulu partir, si je ne me suis pas dégonflée, c'est beaucoup pour vous montrer que cette aventure se doit d'être à la hauteur de ce que vous m'avez donné, en commençant par votre amitié !





De la N 301, la vue est impressionnante, le spectacle grandiose

La voilà donc la N 301 ... la route côtière ... un bonheur, cette route, tellement elle est jolie ! mais la pluie incessante gêne la conduite, des torrents traversent la route, demandant une extrême prudence ! le camion devant moi .... la boue jusqu'aux essieux ... ouh là ! faut pas le suivre celui-là !


je me cale souvent derrière un véhicule ... s'il passe, je passe ! c'est là, je crois que je suivais, au pas, un taxi bleu ! là-bas, dans les taxis, y'a toujours 4 passagers derrière et le passager avant, puis le conducteur, bien sûr ! (et les bagages dans le coffre !). A peine si mes essuie-glace parviennent à chasser l'eau ... et tranquille, au pas à pas, je suis ! ça traverse une flaque, ça enjambe une marre, ça fait gicler des gerbes d'eau boueuse sur les côtés... c'est rigolo ! puis, la route n'est plus la route ... ça devient un chantier... ça devient du gravier ... et ça monte ... et là, ça gicle des cailloux ... c'est moins rigolo ! alors, tu montes, tu montes ... tu essaies de le doubler ... il est chargé à bloc ... il te laisse pas passer, cet enfoiré ... c'est de moins en moins rigolo ! tu vas te prendre un pavé dans le pare-brise ... plus question de rétrograder ! t'es déjà au minimum ... Ouf ! ça y est, j'ai réussi à passer ... mais là, je suis tout en haut de la côte ... et, là ... c'est grandiose ! t'as envie de t'arrêter tellement c'est beau ! Nooooooooooooooon! surtout ne pas s'arrêter ! tu vas encore te le coltiner jusqu'au sud, le beau taxi bleu !!!


Alors, sans t'arrêter, tu sors le numérique, tu baisses la vitre passager, et tu "zoom" sans même viser, et tu "clic" sans même regarder, tu engranges des clichés, et le soir à l'hôtel, tu vas visionner les 350 vues prises au hasard ... et tu revis cette journée ...


Alors tu vois, là, mon pote ... c'est dans ces moments que j'aime être seule ! ...parce que personne ne va vivre mieux que moi, ces moments de bonheur ... tu les partageras plus tard, quand tu reviendras, l'esprit brouillé de tous ces spectacles-là ! et je visionne, et je vire les ratées, celles où tu vois le rétro, celles mal encadrées, celles sans couleur, fades et pas vraies... y en a très peu ! parce qu'ici, tu as beau chercher.. y'a rien de fade, rien de terne, rien de gris, même le gris est gai !




et quand t'as fait ton tri, qu'il te reste les meilleures, celles qui vont te "parler", tu les classes pour mieux les regarder !


les paysages sont magnifiques, ça, on le lit, on le dit partout ... mais quand tu le vois, quand tu le vis ... c'est pas pareil ! tu t'en prends plein les yeux ... même si tout est en gris, si la mer ... enfin, l'océan, ... n' a plus de limite, même s'il vient frapper le bord de la falaise jusqu'à en faire plus loin une mare de terre glaise ... même si, le souffle coupé, tellement c'est beau ... tu continues ta route, parce que là... attention ! faut pas t'arrêter dans cette flaque d'eau ! tu finis par plus savoir si tu dois te poser là pour cause d'intempéries ou si tu dois avancer pour aller, au plus vite, chercher tes ateliers !


Alors, je continue ... doucement ... j'ai pas le choix ... à la vitesse autorisée de 30 km/h ... tu parles, çà c'est en été, sans compter l'oued en crue et les pavés au milieu de la rue !


j'ai dû, par moments, faire du surplace ... je me demande comment j'ai réussi à avancer !!!


Fatiguée de stagner, un peu soufflée par toutes ces émotions, quand je lis El Jadida sur le panneau ... pas d'hésitation ! Premier panneau publicitaire de la ville, je lis IBIS ... et ... des images "civilisées" me traversent l'esprit ... une douche, une vraie, un lit avec des draps propres, pouvoir se sécher, ne plus rester trempée ... eh, ouais ! aventurière, n'est-ce pas, Pat ... mais pas vraiment jusqu'au bout des ongles ! le mot confort n'a jamais eu une aussi belle signification que ce jour-là quand l'eau chaude de la douche a ruisselé sur moi !
C'est tout bête ... mais en été, un seau d'eau, sur la plage, aurait eu le même effet ! mais, là, impossible à traduire ... essayez et vous me direz !




je passe une nuit calme et reposante, je trie et j'organise pour mieux me concentrer. l'avantage, là, c'est que je peux écrire à mes enfants, avoir de leurs nouvelles et savoir que "tout baigne, t'inquiète pas, Mam' " alors, je dors tranquille ...








mais avant ... comme pour me saluer ... avant que la nuit tombe : un arc en ciel dans le cadre de ma fenêtre ! "Bienvenue, tu es la bienvenue" ! je le savais !



Arc en ciel de bienvenue



face à l'hôtel, un homme fait son footing matinal...l'homme est touuuuuuuut petit ! le paysage est immennnnnnnnnnnse !




et l'homme, en premier plan, par sa balade tranquille, nous appelle à la réflexion et la sérénité, non ?












premiers contacts ... sur le port de El Jadida ... l'endroit est tellement beau, le soleil se montre à nouveau, et j'ai envie, avant de prendre la route, de rencontrer du monde, les locaux, bien sûr !




quel meilleur endroit, ce matin, après la mer houleuse, que le port ? là t'as une vue grouillante de gens qui s'affairent aux filets, qui poussent une charrette, qui en traînent une autre remplie de j'sais pas quoi, en tout cas, c'est coloré ... c'est le moins qu'on puisse dire !


mais, en réalité, j'ai pas choisi le meilleur endroit pour me balader ! j'arrive en voiture, on m'a conseillé (les flics devant l'hôtel) de ne "pas la quitter des yeux", elle est trop chargée, "on te la casserait juste pour un petit paquet" .... Bien ! ...condamnée tout mon séjour à rester scotchée au véhicule ??? non, quand même pas ... siiiiiiii !

j'évite les flaques ... tiens, regarde sur la photo ! y en a partout ... mes "converse" ont déjà une gueule bien "baroudée" ... c'est pas ma faute à moi, si, même pour acheter le pain, il faut enjamber 15 flaques ! et la taille d'une foulée, chez moi, ça fait 50 cm ...

Bon, je me régale sur ce port de regarder ces gens ravauder les filets... dans mes jeunes années, le long du canal, à Martigues-Ferrières, là, où juste maintenant, tu as le théâtre des Salins, les femmes, le matin accomplissaient cette tâche ... et ça restaure les images dans mon disque dur ...

... la vue d'un homme très âgé, penché sur ses filets, les couleurs tout autour, la sagesse qu'il dégage, le calme est son reflet, tirant sur le fil toujours avec la même régularité ... l'image est magnifique ... un échange, juste celui des yeux ... - "une photo, je peux ?" sans même me répondre, sans quitter son filet, juste un signe des yeux ... et son visage s'éclaire, il a dû baroudé celui-là tellement il est ridé ! ... mais son baroud à lui, c'était pas un 4*4, c'était pas une clio ! c'était certainement la barque du cousin, dans laquelle, chaque matin, il tirait ses filets pour nourrir ses enfants ... et justement au moment même où je regarde cet homme, où je le trouve beau ... un autre, son fils justement, sort du hangar et me demande "tu donnes de l'argent pour ta photo ?" - Non ! - "alors, tu la prends pas !" - y a pas de problème, mais c'est dommage parce qu'à ton père, je comptais lui donner de quoi se couvrir pour l'hiver .... et j'ai pas pris la photo ! son fils n'a pas voulu !

Voilà une des premières notions sur l'échange, déjà un enseignement très réaliste ... c'est ça qui m'attendait tout au long du parcours. On m'avait dit les marocains accueillants ... "bienvenue, tu es la bienvenue" ... jamais, si t'as rien à donner ! ce sont mes premières leçons ! Déformés par la pauvreté, par les touristes aussi qui ne savent pas les regarder ... le premier mot qu'ils m'ont appris, c'est "flouz" ... et moi, qui donne ma chemise, qui ne thésaurise pas (c'est le moins qu'on puisse dire !), pour qui la valeur du sel est plus importante que celle de l'or ... je découvre, là aussi, un monde que je déteste ! mais ne suis-je pas venue pour donner ???

Qu'on se rassure ... non ! je suis là pour partager !

alors, je vais marcher un peu plus loin ... et là j'arrive sur le quai !


Que des mecs ! les uns, les habitués, au soleil, attendent ...on va dire ... la marée !

les autres, s'activent, sautent de barque en barque ... ça ressemble à une "casse" de bateaux, tellement on les voit "jetés" les uns près des autres ! on dirait qu'on les a oubliés ... ils sont vides, à l'intérieur aucun signe de vie, pas un espace entre eux .... eh ben, non ! ils sont bien garés et chacun pour récupérer sa barque, va sauter de l'une à l'autre jusqu'à y arriver.... c'est marrant ! j'suis pas une habituée des ports et le spectacle me surprend.




et vous êtes toujours là, mes potes, qui regardez ce spectacle avec moi ! je vous parle en secret, sachant que, par exemple ... Simone ... les barques, dans tes peintures ... ce sont les plus jolies qu'on ait jamais dessinées ... pas vrai ?

Donc, je suis sur ce port là et apparemment ... j'suis pas la bienvenue ! un mec arrive vers moi, le pas assez gaillard, pour m'interdire une autre photo ... vue générale du port celle-là ...

c'est marrant, tout est "propriété" ... ils commencent à me ..... gaver !!!!! j'ai envie de me casser ! ... alors, je vais plus loin !



















tiens, la "construction navale" ou peut-être "réparation navale" ... c'est écrit nulle part mais vu l'état des coques ... elles sont pas prêtes à prendre la mer !



le comité d'accueil est là, au grand complet, devant et dans la grande benne, où chats et oiseaux font bon ménage. Le préfet, sans doute ... non le gouverneur de la province, sûrement, n'a pas distribué les drapeaux pour mon arrivée (lacune !), mais leur avait conseillé de se tenir à carreau ... sans quoi ... Vous voulez les voir, ces oiseaux ??? rangés sur le côté, chacun, prêt à s'envoler et à aterrir dans la benne ... mais tous respectueux de la ligne de confidentialité ... le chat monte la garde ... mais il n'a rien d'un cerbère ...vous ne le voyez pas, mais à l'intérieur, il y en a un autre, tout roux, celui-là ...

je vais, à cet instant, rencontrer mon guide ... il va se proposer, ne pas demander d'argent ... ah ! ça existe ? ... oui mais, rapidement, il me parle de ses filles, dont l'une vit en Espagne, et me dit que "ici, tu es chez toi !" ... (ça je le savais aussi ..., ils te le disent tous !) ... "et si tu veux, l'année prochaine, je te donne mon adresse, et tu viens quand tu veux" ... (pourquoi pas tout de suite alors ?, me dis-je, doucement) ... "et alors ... après, ... tu habites où, en france, dis ???" ... "alors, après ... je viendrai chez toi ... parce que, moi, je connais" ... etc, etc !!! Alors ... c'est rigolo ... parce qu'il est d'une naïveté, mon guide ... il est gentil ... il ne veut plus que je parte, veut me montrer "la prison des galères, au bout du quai, là-bas"! Et, moi, j'ai pas le temps ... il faut que je m'en aille ... je lui laisse quelques pièces ... qu'il refuse en tendant la main ... et ça me fait sourire, mais je l'aime bien !!!

Je repars, je me perds, passe dans un quartier ... c'est quoi, ça ? j'sais pas où j'suis tombée ... bon, c'est pas grave ... je peux plus retourner ... des flaques, t'en veux, toi ? c'est ... des inondations ... et je suis au milieu !!! ni devant, ni derrière ... je peux plus avancer ! y'a du soleil comme c'est pas possible ! y'a pas un chat ! juste un énorme camion qui barre ma route ... et je fais quoi, là, moi, toute seule dans ma clio, devant ce gros camion ? et que si je cale, là au milieu, je peux plus repartir !!! De l'eau jusqu'au ... ben, j'sais pas jusqu'où, ... même pas je descends la vitre ... on sait jamais ...si l'eau me montait jusqu'au cou ! .... demain, dans le journaux on aurait lu ... "la p'tite française, elle a bien bu !" ...
Bon, je ne paniquais pas, c'est vrai ... heureusement, c'est toujours rétrospectivement que je me suis vue en danger ou larguée ... mais là ... bon, ça va ... je suis passée et en arrivant au "stop" ...(ah! oui, le stop ... faut le savoir ... faut apprendre à le lire avant d'y aller ... OK ?) ... eh ben là .. j'ai vu que la rue parallèle n'était pas inondée !!!
conclusion : quand tu voyages et qu'il pleut, quand t'as le choix entre deux voies ... tu descends de ta voiture, ... si t'es comme moi "une mini" tu montes sur le capot ... et tu regardes, de loin, l'état des routes ...
Voilà, je quitte El Jadida. Le moment était beau. Je vais emprunter à nouveau la N301 et là ... je te dis pas ce que je vois ...j'ai pas le temps ! mais si je dis Mohamedia, Oualidia ?...