mardi 1 janvier 2008

les enfants d'Agadir

Je souhaite, avant de poursuivre, parler de ces enfants que j'ai rencontrés dans l'école privée d'Agadir et vous dire leurs regards étonnés me dévisageant comme une "curiosité", tous parfaitement "bien élevés", ravissants, mignons, super bien coiffés, propres.






Pour rendre aussi hommage à ces bouts de chou et à leurs instits, je leur dédie cette page et ces quelques photos un peu masquées.



Ici, c'est la cour de récré. la veille, si l'on en croit la flaque au sol, il a trop plu. les enfants ne pourront pas jouer là. alors, le directeur, le jardinier, les instits ... tout le monde s'y met pour sortir les tobogans devant le bâtiment et les enfants joueront là, encadrés par le corps enseignant. Ils vont jouer, ils vont chanter ... Dans l'école, à tue-tête, des comptines distillées en français : "le bon roi dagobert", ne pleure pas jeannette" ...


J'ai commencé par visiter la section des petits, peu nombreux et tous vêtus de tabliers roses et bleus par dessus leurs vêtements. Deux tables hexagonales réunissant une quinzaine d'enfants ou peut-être seulement une douzaine. chacun son petit cartable, sa trousse et ses "outils" de travail. Déjà, à 3 ans, ils ont des "devoirs" à faire chez eux. La maîtresse va leur demander de sortir leur 1er cahier (semble-t-il, leur cahier de devoirs). Elle va "apprécier" le travail effectué qui consistait à colorier dans des couleurs bien déterminées et sans dépasser !... Certains rendent un "travail mal fait" ... douce maîtresse qui ne va ni les gronder, ni les corriger ... qui va juste leur expliquer la raison de ce coloriage ... elle va même consoler la petite qui, "blessée de n'avoir pas bien fait" va laisser couler une larme.


Puis, "sortez le 2ème cahier" ! Ces enfants sont hyper-disciplinés... était-ce ma présence ? Non, je ne le pense pas ! on les sent attentifs à exécuter, à écouter, à garder le silence ... à mon goût : trop pour ces tout-petits ... mais, ils semblaient heureux, et c'est ce qui importe !


Sur ce 2ème cahier, une feuille est collée et "on va réviser la leçon de la dernière fois". c'est une leçon en français ... on étudie les différentes parties du corps. Chaque enfant, à son tour, va venir au tableau et épeler "le nez, les yeux, les oreilles, la tête, et les cheveux" ... aucun ne se trompera. 3 ans et presque bilingues !


J'ai beaucoup apprécié les félicitations de la maîtresse pour chacun. elle sait adapter son langage, trouver le mot différent et encourageant ... j'ai bien aimé cette instit, son travail de patience, son sourire.


J'ai moins aimé les fenêtres grandes ouvertes "pour laisser entrer l'air" ... dehors, il fait 5° à 8 heures... les enfants y sont habitués ! ...


J'ai remercié tous ces enfants, les ai moi aussi félicités, ils ont compris mon français ... et tous en choeur, m'ont saluée.

La classe des moyens :

26 novembre 2007


Je suis passée dans la classe d'à côté, celle des moyens. Là, une très jeune maîtresse m'accueille. c'est, je crois, sa première année ... Elle a été parfaite, sauf que ... rien n'est parlé, tout est crié ! elle s'adresse aux enfants en hurlant, les enfants lui répondent en hurlant. Quel dommage !

1ère leçon : écriture et connaissance de l'alphabet arabe

Chacun va écrire une lettre sur son ardoise et à tour de rôle, ils viendront au tableau et crieront la signification de cette lettre. Idem pour les phrases ... Cacophonie organisée... ils n'ont pas l'air traumatisés. Après s'être déplacé pour crier la lettre dans sa langue maternelle, chaque enfant regagne sa place. Lorsque chacun sera passé au tableau, tout le groupe va se déplacer devant le tableau, et l'ardoise au-dessus de la tête, il vont crier, de concert, les lettres qu'ils auront écrites ... ouf ! épuisant !

Comment fait cette jeune instit pour supporter ces déplacements, ces va et vient incessants ... puisqu'on va continuer ce système pour la leçon de "prémathématique" (c'est écrit au tableau, voir la photo !)




La tête pleine des hurlements des enfants, je quitte la classe et me dirige vers celle des grands ... beaucoup plus sereine, celle-là.
Je crois que là, tout est parfait ! Classe en petit nombre, mixité, mais, si j'ai bonne mémoire : les garçons occupent les places de devant, les filles celles de derrière ! ça t'étonne ?
Le travail que réalise cette instit est très intéressant. Toutes les qualités, cette nana : elle ne crie pas, explique sans hurler, passe dans les rangs, corrige, rassure, explique ... tout bien, quoi ! elle a le sourire. elle semble réunir tous les bons points de l'école ...

Je suis très amusée par le comportement de cette petite fille qui ne tient pas en place et qui aura passé tout le temps de ma présence, sur le côté de son bureau, pas un seul instant assise sur sa chaise, pas une minute face au tableau, regardant de tous côtés sans se soucier de l'orientation de la classe. Elle me regardera assez souvent avec un petit sourire de connivence, prête à une espièglerie qui n'est pas arrivée mais qui aurait bien failli !

Je quitte la classe et c'est donc à cet instant que je surprends la jeune femme de l'accueil fouiller dans mon ordinateur ! Cette inconvenance va donner à mon voyage une tout autre dimension. Elle va stopper net tous mes élans. Elle va me projeter dans la réalité. Elle va me démontrer que la confiance ne doit pas être aveugle et que pour se faire respecter, il faut savoir, gueuler un bon coup !

Je garde en mémoire ces sourires d'enfants, leurs grands yeux curieux, leurs étonnements, leurs interrogations ... et je regrette encore de n'être pas allée plus loin dans la démarche de la solidarité. Ces enfants-là m'ont touchée mais d'autres plus nécessiteux auraient bénéficié d'une approche plus humaine, à la dimension de la mère et "mamour" que je suis !

Un autre jour, une autre fois, c'est promis ...