vendredi 4 janvier 2008

Dounra !




Taliouine, capitale du Safran, entre Taroudant et Ouarzazate



Balbutiements et premiers mots de l'Histoire de Dounra ...

les idées se chevauchent, les phrases se juxtaposent. difficile d'en parler, sans tout mélanger. le réel et le rêve. le présent, le passé. l'histoire et le conte. les fées et leur baguette. l'envie, le plaisir, le besoin de l'aider. la crainte de tout rater. ne pas aller trop loin, et pourtant commencer. ne pas savoir comment. se retrouver solo (encore !) pour gérer cette idée. prendre des avis qui me sont opposés. aller tête baissée et un jour regretter. le poids sur mes épaules, je ne veux pas lâcher. parce que l'idée est bonne, que je suis une obstinée, capable de défier, même la réalité !

Donc, j'ai besoin de vous pour pouvoir mieux gérer, besoin de vos idées, besoin de vos conseils. ils me seront précieux dans mon élan de solidarité !



Flash back sur l'été ... bref rappel. (ou ceci explique cela...)
en août dernier, avant de rencontrer les membres d'Exobus, je pars camper toute seule sur la plage des Salins, près du phare de Beauduc, proche des Saintes Maries de la Mer.

C'était pour moi, une manière de mesurer ma peur et mon courage, à m'aventurer seule sur une plage, au bout du monde et sans confort, prendre le risque d'être "dérangée", tester mon endurance ou simplement "flipper" ! rien de tout ça. tout va bien !


ma "communication" avec la mer et le sable, la nuit de pleine lune ont fait de ce week end un retour aux sources, un moment de bien être et de sérénité.

le lendemain, je "cueille" des coquillages, mon bois flotté, mais la première de mes trouvailles, c'est un médiator argenté ... la trouvaille est de bon augure.

Pas inventé : ma cueillette de coquillages, le médiator, dans cette corbeille en paille tressée dont l'origine est le Maroc !

Dans la foulée, je rencontre Brice sur la plage ... il s'avère qu'il est musicien, qu'il envisage le même voyage que moi, avec les mêmes gens et que notre rencontre sur cette plage soulève la question : est-ce un hasard ?




Non, y'a pas de hasard !




Nous préparerons, ensemble, ce voyage, traverserons l'Espagne et descendrons jusqu'à Rabat. De tous, Brice deviendra mon "chouchou", j'aurai pour lui (mais aussi pour Elody, sa compagne) un petit penchant secret, l'adoptant au fond de mon coeur comme mon "préféré" ! Je ne l'ai pas montrée et j'ai gardé pour moi cette petite préférence, mais il l'a bien comprise ... enfin, je pense !


Et je suis là, à Taliouine, à la rencontre de l'enfant ... dont j'ai retenu le prénom ... Dounra ... Ici, on s'étonne de ce prénom. il n'est pas commun. on pense plutôt à Dounia. Non, c'est Dounra que j'ai entendu, et fait répéter pour mieux l'enregistrer.

Alors, je recherche ... Dounra est un instrument de musique, et je vais trouver tout à fait par hasard (???) ce commentaire, dans une source musicale et concernant des zicos du sud ouest de la france, dont j'ai oublié le nom:




"Les voyages sont aussi une source d’inspiration : on s’enrichit de rencontres avec des musiciens et de découvertes. Lors d’un voyage à Saint-Pétersbourg, j’ai ramené une guitare issue de la famille des balalaïkas, la dounra, utilisée dans des pièces classiques baroques. Nous l’avons mélangée à des sonorités de l’Inde ou du Maghreb".


Et en lisant cela, je crois rêver. me reviennent en mémoire le médiator, Brice, le voyage, la musique, le maghreb, la rencontre et Dounra ...


Coquillages et médiator



Peu importe les conclusions qu'on en tire. des "choses" se sont passées, ont existé, et elles se recoupent, se rejoignent, ressurgissent, s'identifient, se mélangent, se précisent, vont vivre ou disparaître.


Pour l'heure, c'est à Dounra que je pense. Comment, au fait, nous sommes-nous rencontrées ?



Mon arrivée à Taliouine


Taliouine est une ville sympa sur la route d'Agadir à Ouarzazate. de l'ouest en est,tu as : agadir, taroudant, taliouine, ouarzazate. Taliouine est la "capitale du safran" et nous sommes en pleine période de cueillette ...




Depuis l'origine, mon itinéraire prévoyait une halte dans cet endroit, ravie que j'étais de peut-être m'enrichir de nouvelles images locales, pouvoir assister à des fêtes particulières en l'honneur de cette cueillette.




Mais, à ce stade du voyage, déçue, destabilisée par tout ce que j'ai vécu depuis le départ, je refuse, inconsciemment, de voir ou, alors, tout simplement, je ne suis pas objective : j'ignore l'état de ma fatigue, je déclenche le "plan réserve", j'agis et m'active sans me préoccuper de mon moral et de ma santé ... il faut que j'avance ! j'ai toujours fonctionné ainsi, je ne vois pas pourquoi je changerais.


Et je roule vers Taliouine, vers le sud, remplie de bons projets pour mon prochain atelier de Ouarzazate. Je me gave de paysages, j'emplis mes yeux et mon âme de bonheurs grandioses, je me sens petite mais invincible, et je sais que demain s'ouvriront d'autres portes.






je m'arrête donc dans ce petit paradis, lorsqu'en bordure de route, j'aperçois un hôtel référencé dans le Routard qui annonce un accueil chaleureux, des chambres sympas, aux couleurs locales, un cadre convivial, une cuisine safranée. je décide de poser, là, mes sacs.


la nuit m'apaisera, me portera conseil . Je fais donc ma halte à l'Auberge du Safran que je vous recommande tout particulièrement, car en plus de tout ce qui est annoncé on y trouve le sourire de Mahmoud (le patron de l'auberge), l'accueil de son personnel, le cadre dont j'te parle pas, le calme et la quiétude.

En entrant là, tu sais déjà que tout va bien se passer !




Fabuleux panorama vu depuis la fenêtre de ma chambre


Il est 17 heures ou peut-être 5 h 20 ... juste de temps de filer au cyber, prendre des nouvelles des enfants avant qu'arrive la nuit.


lorsque j'en reviens, il est l'heure de souper. et là, on m'installe dans un salon marocain. Dès que j'entre je suis "absorbée" par 4 français ... je déteste, à l'étranger, créer des communautés de ma nationalité. Je trouve dommage de ne pas se mélanger. Mais, là, j'ai pas le choix : y'a 4 français et rien d'autre ! je m'installe donc à leur table basse. Ils sont super sympas. je dois dire que le mec est le portrait craché d'un ex-fiancé, mais c'est bien loin tout ça, ça remonte à 20 ans... il m'a sûrement oubliée !


Bon, revenons à ces gens qui m'ont amusée toute la soirée. Ont-ils lu dans mon coeur que ce soir j'ai du mal à voir la vie en rose, que le parlé français va changer mes idées ?



La cuisine safranée ... c'est bon ! mais le thé au safran ... un régal, un délice ...



j'ai appris à le préparer. Puis, Mahmoud, habillé en homme bleu, est venu s'installer à notre table, nous parler des berbères dont il est.

Délicieuse soirée à l'écouter, où les récits de randos en montagne (il est guide) étaient ponctués de musique locale .

Encore là, de réels moments où tu te laisses aller, où tu largues les amarres, tu arrives hors du temps, tu sais plus où t'habites ... il est toujours trop tôt pour prendre congé ... je vais, encore une fois, rester la dernière. Je veux tout savoir, tout écouter, ça n'est jamais assez ... "too much" est ma devise, mon slogan, mon mot de ralliement !





Cette vue, juste pour lê plaisir des couleurs, le rouge et le bleu, les essais de peinture blanche au rouleau, la porte à gauche, à peine "patinée", le sienne de la terre, l'ocre grisé métal des murs ... Ici, en france, nous payons des fortunes pour apprendre la déco, l'assemblage des couleurs... le maroc nous enseigne !




Et le soir, lorsque se couche le soleil, c'est ceci le spectacle












je serais volontiers, restée là, à écouter la nuit. à attendre le matin pour percevoir les premiers bruits, les premiers frôlements, attendre les premiers insectes et les premiers rayons du soleil.

Il me vient à l'esprit et au coeur, un moment identique, un moment de bonheur à attendre le matin, à humer le thym, le romarin, les lavandes peut-être, à écouter le chant des premières cigales, dans les pins au-desssus de nos têtes, dès le premier rayon, moment unique, jamais renouvelé, dans ce petit paradis qui portait, je crois, le joli nom magique de "Bourgailles". C'est mon pays et jamais je n'y passe sans pincement au coeur ...