lundi 7 janvier 2008

La Rencontre




Je vous offre, ici et dans les pages futures, encore de belles photos (les plus belles). Je partage avec vous ces moments de bonheur, merci de m'accompagner.

Tous ces jours et plusieurs semaines pour arriver à aujourd'hui et vous présenter Dounra.


Le lendemain de mon arrivée à l'Auberge du Safran, il était prévu que je parte vers Ouarzazate pour réaliser un atelier de couture. Je descends, relativement tôt, pour déjeuner. Je vous assure l'auberge du Safran : un véritable bonheur ! P'tit dej de reine, sourire et bonne humeur. Le gardien de l'accueil me présente même un tout petit bébé auquel j'offre une bricole qui traîne dans la voiture.




J'étudie la carte, vite fait, c'est pas compliqué, c'est tout droit ! Ici, tu t'prends pas la tête, y'a pas 15 routes pour te mener au même endroit. D'ailleurs, quand tu demandes ton chemin, on te dit : "ci pas coumpliqué, ti vas tout droit".




Je fais mes adieux, et juste à ce moment-là, descendent les 4 français de la veille. Allez, je bois un kawa avec vous ! et je me renseigne sur les curiosités autour de Ouarzazate, et je reste, et je blague, et je parle (ça t'étonne ?) presque je re-déjeune ... Christophe me dit : "nous, nous partons sur Marakech, on passe le col Tizi n' Test, c'est super beau" ...


Et je m'entends dire, moi qui déteste Marakech, : "je viens avec vous!". Pourquoi, ai-je bifurqué ainsi ? Que s'est-il passé ? Inconsciemment, je pense, j'ai voulu me protéger. On n'a pas oublié, bien sûr, que depuis 10 jours, c'est pas le top et qu'avant hier ... bref !


Il fallait que je sois mal dans ma tête et dans le reste pour annuler tout ce que j'avais mis en place depuis 2 mois, et ce, sans réfléchir ... mais, à ce moment là, c'est vrai, je me suis laissée guider, portée par mon ressenti, par un sentiment de mal être qu'on peut comprendre tant il était lié à la fatigue et à la solitude morale. Je me souviens avoir écrit la veille à ma fille que je ne ferais pas un bon marin ni une bonne navigatrice solitaire !


Bref, en 2 secondes, je change le cours de mon voyage, comme j'ai, une fois, la seule, bousillé le cours de ma vie et de mon existence, pour avoir adopté la détestable décision de tourner les talons. Aujourd'hui et encore, la plaie est à vif et béante, les séquelles incurables. On appelle ça, comment ?

Je décide de suivre ces inconnus bien sympathiques, qui m'éloignent de la réalité, et pendant qu'ils chargent leurs bagages, je cueille des végétaux, je ramasse des "coques" d'eucalyptus pour en faire des breloques, ou les associer à mes décos végétales. Et la nana française, dont je ne connais même pas le nom me dit "tu n'aurais pas des chaussettes pour cette petite fille, elle est pieds nus ?". Il fait 5 degrés !

Quand je la vois, un énorme sentiment m'envahit ! Que se passe-t-il ? je n'ai pas compris ! Je l'observe, attirée par ses grands yeux, un sourire de madone. Elle est là, devant l'hôtel, pour nous vendre des colliers en ... "coques d'eucalyptus", 20 DH, (2 euros !)



J'éprouve un drôle de sentiment. Je connais cette enfant. Je lui donne tout ce qui lui va, des vêtements pour elle, pour sa petite soeur, des livres, des objets, des jeux, que sais-je ? je veux tout lui donner, spontanément. Je lui offre du pain, je vide mes poches et lui tends toute ma monnaie. Elle me parle, je l'écoute. Elle parle très, très bien le français. elle me dit qu'elle va à l'école et je la crois. elle semble intelligente, son vocabulaire très avancé... tout bien, quoi ! elle me dit qu'elle parle l'anglais. et je suis subjuguée par cette enfant. je ne lui pose presqu'aucune question. Je prends des photos, lui dis que je les enverrai au Safran, lui demande son prénom. Les français m'appellent... attends, encore un peu ... Là, je ne sais plus que faire. je reste, je pars. ils démarrent. l'enfant me dit plein de merci, se serre contre moi, m'embrasse pour encore me remercier et me dit "je n'ai pas d'argent pour te payer... mais j'ai laissé un collier accroché dans ta voiture" ... et quand je prends le volant, un collier pend au rétroviseur ... Elle l'a fait spontanément, discrètement, à mon insu. Là, je reconnais un vrai geste de générosité. Le seul depuis toute ma traversée du Maroc ! Dans ses yeux : l'honnêteté. Sur son sourire : la vérité


Depuis, le collier de Dounra a sa place devant loi, dans la voiture. Il parfume mon tableau de bord, elle me suit, elle vient avec moi, elle me "protège" Dounra !


Comme beaucoup, comme tout l'monde, j'ai comme ça des repères qui jalonnent ma vie, ou alors des horaires (5h 20, l'heure où tout peut arriver!), ou alors des endroits (Vous connaissez Corbières ?). Je ne vous dis pas tout, ici, c'est pas l'objet ! mon dernier symbole d'affection, c'est ce collier !



A ce moment précis, je décide de partir, nous nous embrassons très fort, je lui promets que je reviendrai (et je reviendrai !) et jusqu'à ne plus la distinguer, je revois encore son petit bras levé pour me souhaiter bonne route. Moi, je pleure en la quittant et je ne sais pas pourquoi. Je mets encore cela sur le compte du surmenage ...



Tout au long du chemin, que je vous raconterai un peu plus tard, j'ai pensé à Dounra, j'ai regretté de ne pas être restée au Safran un jour de plus pour mieux la connaître . Franchement, j'suis pas douée pour le bonheur !!!



Le soir, lorsque j'arrive à l'hôtel ... je débarque toutes mes photos du jour dans mon ordi et, ça t'étonne ?, je commence par visionner celles de Dounra ! Le choc !!!


je la laisse telle que, ne la retouche pas, ne rajoute ni lumière, ni ombre, pas besoin de netteté, je l'agrandis ... c'est pas vrai ! c'est pas possible... je masque les yeux : le reste du visage est ressemblant ! je masque le front : des yeux jusqu'au menton, c'est la même ! je cache la bouche : les yeux sont identiques, juste le nez est ici un peu plus épaté ...


alors, j'écris à ma fille et sans aucun commentaire lui adresse juste quelques photos, dont une seule de Dounra !

Ma fille me répond aussitôt et me téléphone : "maman, c'est qui cette enfant ? j'hallucine, c'est moi quand j'étais petite !" ... eh ben, oui ! ce que je n'ai pas vu le matin, c'est que si j'ai tant été attirée par Dounra, c'est qu'elle est le portrait de ma fille au même âge ! De toutes les enfants que j'ai connues dans ma vie, aucune n'a produit cet effet sur mon coeur ni mes sentiments. et je pense que tout cela est lié à cette ressemblance.


Encore aujourd'hui, je ne peux me détacher de cette image. J'ai pour Dounra des projets, à mettre en place de manière très posée et réfléchie.

Voici Dounra, petite perle de Taliouine


Je vous expliquerai plus tard ce que je souhaiterais pour cette enfant. J'aimerais que nous soyons plusieurs à l'aider. La manière, les moyens, je ne sais pas encore ... enfin, si, j'ai ma petite idée... mais sans intermédiaire ni aucune ONG. Je veux que Dounra reste ma protégée. je ne veux pas pour elle de moyens intempestifs, ni lui faire miroiter une "adoption" en France ! je veux qu'elle reste chez elle, au sein de sa famille, qu'elle y fasse ses études, qu'elle n'approche pas, du moins trop tôt, le monde de folie que nous traversons. Je veux, pour Dounra, le Bonheur !


Nous sommes déjà quelques uns à y songer ... pour financer mon futur voyage, j'ai aussi des plans. c'est un peu fou, j'en conviens. moi, je trouve l'idée "originale" que j'appellerai "les repas solidaires". En quoi ça consiste ?


Quand un groupe d'amis décide de se réunir autour d'une table, chacun va participer financièrement au repas ... comme s'il allait au restaurant. sauf que là, le repas se fait chez une maîtresse de maison, qu'elle paie les ingrédients et que je viens à domicile pour cuisiner. La somme par invité, est modique, mais c'est ce qui en fait un geste de solidarité... après, si tu veux donner plus, c'est pas interdit !


Il va de soi que je peux mettre en place une déco adaptée autour d'un plat, de préférence, marocain. J'excelle en tagines, pas mal en omelettes safranées, je jongle avec les épices, n'hésite pas à les mélanger et je garde, bien en secret, la manière de les associer ...

Cet argent là financera une prochaine expédition que j'entends réaliser à plusieurs. je planche sur le projet.

Concernant les études de Dourna, elles seraient financées par un groupe d'amis, en association, à raison de la somme de 1 euro par mois, symbolique (plus, laissé à la discrétion de chacun)

Toutes ces idées ne sont évidemment pas encore arrêtées, mais le principe est celui-ci. encore une fois, j'attends vos commentaires sur le sujet.
Nous allons donc nous diriger vers le col de Tizi N Test. et je ne vais pas le regretter.

Inutile de vous expliquer comme cette route est jolie. Accessible et pas dangereuse sous réserve de conduire "normalement", pas très fréquentée. Nous avons super bien roulé, sauf que j'aurais aimé m'arrêter à chaque virage tant la vue est belle. Par moment, on se serait cru au Tibet, tellement ce paysage ressemble aux images et films que j'ai vus sur ce pays. Cette journée-là fut un vrai moment de bonheur par le site, les gens que nous avons rencontrés.


En montant au col, nous nous sommes arrêtés, attirés par cette bande de verdure. Le site est désert, ou presque, et là ... la vie ! vu d'en haut, c'était superbe. ça rend moins bien en photo.






Puis, nous voilà arrivés au col à 2200 m d'altitude. L'accueil y est chaleureux.

Le gars qui tient la boutique capte mon poignet plein de bracelets ... cliente en vue ... sortez la marchandise ! il me propose quelques bracelets en argent ... et pendant que les copains français boivent leur thé, je regarde, j'opère un premier tri, puis un second, celui-là est trop cher, mais celui-ci est super, je choisis, Je fonds, il finira par m'en vendre 3 (!), je marchande (mais très peu) et j'achète ! contente de faire une "bonne action" pour moi (parce que je me suis fait plaisir) et pour lui.



Vu de la haut, no comment sur la vallée ... c'est impressionnant, vertigineux, calme. Quand je vois "ça", je comprends les aigles qui planent ... bon, faut redescendre de ton nuage, petite !


Voici donc la boutique, café, restaurant, salon de thé, bijouterie à l'occasion !



Rien ne manque : ni le coca, ni l'affiche de la vache qui rit, ni la guirlande scintillante de noël... et cachés derrière le comptoir ... mes bracelets !



l'endroit est magique, comme souvent dans ce pays. Là, je crois que je pose mes bagages et j'oublie ... j'ai une forte pensée pour quelqu'un qui m'est cher mais il faut repartir sans pleurnicher!

Les jarres, à l'entrée sont jolies.





Surprise ! sur l'autre versant, en descendant, neige sur les bas-côtés. J'aurai, à ce moment, une énorme et gentille pensée pour toutes mes copines et mes copains qui, en finançant mon séjour, n'ont pas prévu qu'ils m'offraient aussi une saison de ski ... J'ai souhaité continuer vers le soleil plutôt que de chausser mon surf de neige ! j'avais pas du tout envie de faire valoir mes droits à mon assurance rapatriement !




Donc, superbes paysages encore, avec l'Atlas, au loin, tout enneigé.



Sur la descente, rencontre du Berger. Belle image prise sur le vif, en roulant.



Image volée. jeregrette de ne m'être pas arrêtée. Son regard et son sourire me fascinent encore.




à cet endroit, les touristes français vont s'arrêter et distribuer des stylos et des bonbons à quelques enfants sur le chemin du retour de l'école...

J'observe l'enfant qui a repéré notre arrêt. Il descend par l'échelle et arrive en courant jusqu'à nous....




Cet homme, qui passait son chemin, va comprendre la distribution. Il vient nous dire que, lui aussi, a des enfants ... bien entendu, on ne va pas l'oublier. et pour nous remercier, il me propose de me faire faire une promenade sur son âne ! C'est gentil, mais j'ai, depuis longtemps, abandonné la compétion équestre. Après le ski et les risques de gamelle, il ne manquait plus que cela : une chute de bouricot !

Moi, en regardant cette photo, j'ai envie de faire un commentaire : regardez cet homme, il a sûrement des difficultés à nourir sa famille, puisqu'il vient nous réclamer quelques bonbons ... mais regardez ses mains pas du tout crispées sur le baton comme nous le sommes sur nos volants. son coude est juste posé sur son genou, en pure décontraction ... alors de vous à moi ... où est le bonheur dans tout ça ? et la qualité de vie ?

Moi, cet homme-là, j'ai envie de lui dire merci ! pour son sourire, pour la photo, et même ... pour rien !!!




Quelques moutons, à l'entrée d'un village, qui brouttent ... je me le demande ! Circulez, y'a rien à manger !




En descendant, encore plus bas, d'autres formes d'habitations ... on sent qu'il fait plus froid sur ce versant.

Je vous laisse apprécier. Je ne m'en suis pas lassée !
Là, nous nous sommes arrêtés pour, encore une fois, au-dessus de la vallée, apprécier le paysage. Il y avait une auberge en bordure de route. Trop tôt, nous n'avons pas faim ... pourtant le tajine qui mitonne nous tente bien ...
Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à repérer mes bracelets ???, c'est vrai que depuis tout à l'heure, y'en a 3 de plus ... le gars du resto me branche sur les "bijoux anciens" "berbères, qui viennent de loin" ..., tu parles ... la même fabrication que ceux d'en bas, mais ceux-là sont différents, les motifs "plus berbères", il m'en explique la symbolique, les étoiles, les jours de la semaine, l'amitié .... et "moi, j'ai plus de sous !" ... "alors, tu troques" ... A ce rythme, je vais devenir la reine du marchandage et du trocage ... (non, on dit du "troc" !)... Bon OK ! les bracelets, j'aime et ceux-là... j'aime encore plus ! j'en ai choisi ... 4 ! et j'ai évidemment trouvé de quoi "trocquer" et tout le monde a été content !
Dehors, il avait exposé des tajines (récipient) et leur Kanoun (ortographe, svp !). En prévision de repas marocains ... j'en ai acheté un et à ce jour, je ne le regrette pas !


Voici donc le paysage que j'admire de ce belvédère, toute contente de mes nouvelles acquisitions ...
















Encore une image de cette femme, le dos courbé ... je ne peux m'empêcher de les admirer, ces femmes ....

un panneau nous indique un village qu'on nous a recommandé, où tajine et salade marocaine vont nous régaler ...