Voilà, la cloche a sonné et c'est la fin de la récré ... il faut retrouver ses cahiers, ses habitudes ... quoique ... si j'ai gardé mes cahiers et tous leurs petits secrets, j'ai renoncé depuis longtemps, à ce que l'on nomme communément "les us et coutumes". je préfère et pratique avec beaucoup d'ardeur la spontanéité, l'originalité, le "côté artiste" (c'est les copines qui disent ça !).
Ouais, j'en pratique l'idée, le look et une certaine "adaptabilité", je me fonds, je me coule dans le moule, j'utilise le plâtre et le papier mâché, je peinture et donne des couleurs à ma devanture, je m'en mets plein les doigts ! puis quand l'idée me vient, je sors mes tesselles et j'attaque la fresque mosaïque, que j'abandonne très vite faute de support technique. Alors j'enclenche sur le bois, flotté de préférence, et je construis des cintres, des scènes et des décors, mais les galets, en reste, me crient "et nous, encore ?" Alors, eux aussi, je les mets en scène, les empile par 3 ou 7, comme ceux des berges des étangs qui mènent aux Saintes ... Maries de la Mer, évidemment !
Puis, je suis le courant, j'émerge, avec des idées nouvelles, des changements notoires, je me vêts de saraouels ou de pantalons thaï, de turbans, de bracelets, et pieds nus, l'été jusque dans la rue, voilà que je deviens "africaine". je me relooke de grandes chemises d'homme, blanches de préférence, de pantalons treillis plein de poches zippées et mes baskets, bien sûr... et me voilà aventurière "Out of Africa".
Quand enfin, je réalise qu'un minimum de féminité ne nuit pas, je coupe mes cheveux, ajuste mon régime, retrouve avec angoisse ma nutritionniste préférée, lui promets que demain "ce sera riz complet" et "qu'après-demain, le chocolat, je détesterai" (Mummm, c'est même pas vrai ! c'est pas demain que j'arrêterai !). Bref, je lui mens un peu ... et elle le sait très bien. c'est convenu entre nous : elle me donne du temps, et le temps ne me fait pas peur, je sais attendre, patienter, même espérer "qu'un jour mon Prince viendra" ... Euh, non, là, j'ai tout faux !...
Alors, désespérée, je reprends mes kilomètres, je roule, roule, voyage dans ma tête ... je repars de Taliouine, emprunte le Tizi N' Test, paysages gigantesques, le top du top de mon voyage que ce chemin du Sud ! Alors, c'est programmé, Juin ou Septembre 2008, je re-trace la route.... je vous en parle plus loin.
Reprenons la route là où nous l'avons laissée ...
Pour l'heure, et aussi parce qu'il est 15 heures, nous quittons la route principale pour aller déjeuner dans un petit bled que nous a conseillé mon troqueur de bracelets ...
Nous arrivons donc dans la rue principale style "il était une fois dans l'ouest". très bel endroit. coloré. vivant. accueillant. pittoresque. on nous regarde comme des E.T., une vieille femme en guenilles, la pauvre, vient mendier. Voilà que se réveille mon coeur : je ne peux pas supporter cette misère ... Ces réalités me dérangent, m'incommodent. la touriste que je suis a honte quelque part ... y'a trop de gens dans la rue, partout, ici, là-bas, y'a trop de gens qui se tapent sur la gueule ! et moi, je suis là ... et toi, aussi ! on est là et on ne peut (ou on ne veut, ou on ne sait) rien faire. parce ce que ce qu'on fait, c'est une infime goutte d'eau !!! the show must go ... c'est comme ça qu'on dit ???
Les couleurs me réconcilient avec la vie, m'apportent un zeste de bonheur
Ces poteries et la terre dont elles sont faites me ramènent à la matière. Les formes dodues et généreuses arrondissent mes mains. Le contact de ma peau sur ce matériau est une "thérapie". As-tu déjà essayé, lors d'un stress, de caresser un objet rond, de le "ressentir" au creux de ta main, as-tu laissé ta paume s'imprégner des "marques" de l'objet ? ... essaie, tu verras ! si tu concentres ta pensée et ton regard sur l'objet arrondi, si ensuite tu fermes tes yeux pour mieux communier avec lui, tu vas forcément éloigner ton souci. Tu vas obligatoirement te laisser entraîner, emporter par l'arrondi et tu vas lâcher prise... Alors ? ... J'attends !!!
Nous choisissons un petit bistrot. Le gars nous installe sur la terrasse, et, de là-haut, la rue, de gauche à droite, s'offre à nous comme un joli spectacle : le camion en panne, les deux nanas qui s'baladent, les gamins qui jouent, les lézards au "petit soleil" (c'était l'expression de ma grand-mère), la vie, quoi ! ...
sur la terrasse, ce joli lavabo des années 30 ... ils n'ont pas oublié les fleurs ... je trouve cette image jolie ... toujours la couleur et les formes arrondies ...
Et l'envers du décor, de l'autre côté du resto, c'est ça ...
On va nous servir une salade marocaine composée de tomates pelées et d'oignons doux, le tout parsemé de coriandre en feuilles et arrosée très légèrement d'une huile d'olive savoureuse, parfumée et bien fruitée.
à mon grand désespoir, Christophe, le pur touriste français dans toute sa splendeur, a insisté pour que, sur la photo, apparaisse sa "bague berbère" et voilà le résultat ...
Bon, je lui pardonne cette apparition ... parce qu'il était quand même bien sympa !
Après la salade, tajine végétarien ... Un vrai bonheur !
Pomme de terre, tomates ... c'est tout simple et rien à faire ... eh ben, là c'est un régal tellement il est saupoudré de coriandre, gingembre, cannelle, noix muscade semble-t-il, girofle peut-être, sel, poivre... olives et oignons translucides.
Le tout, arrosé de thé à la menthe ... fallait-il le préciser ?? Pour ce repas, nous aurons payé 25 Dh, soit 2,50 euros par personne !!! thé et café compris !
Nous allons repartir et traverser des villages pittoresques comme celui-ci,
rencontrer sur notre chemin des commerces colorés.
A la fin de ce voyage, j'en ai conclu que le Maroc ne dispose que de 2 colorants de peinture : le brique et le bleu flashy !
Mais non ... je plaisante ...
Je te laisse apprécier ??? le bleu du ciel, la quiétude des montagnes ...
Impossible de choisir l'une ou l'autre ... ces femmes sont tellement belles que je vous les photographie en 2 exemplaires, je vous laisse les apprécier, remarquer leur sourire et la charge sur leur dos ... à leur place, nous aurions déposé un avis de grève depuis bien longtemps ! nous aurions créé une émeute au sein du MLF et nous aurions milité et défilé dans la rue !
Quand militerons-nous pour les "droits de l'homme" ... et ceux de la Femme ???
Un peu réac ... c'est vrai !
juste, on va leur rendre hommage ... OK ?
Après ces belles images, nous avons tracé sur Marakech ...
je l'ai déjà dit, je n'aime pas cette ville, parce que trop touristique, parce que les touristes pensent qu'après avoir "vu" Marakech ils connaissent le Maroc, ils en reviennent avec de "fabuleuses histoires" de marchandage dans les souks, ils n'ont pas visité de plus belles place que celle Djema el Fna ??? (j'sais même pas comme ça s'écrit !) et ils ont logé au Club Med à 10 mètres de là et sont séduits par "l'hospitalité marocaine"... Puis, il y a ceux qui y ont vécu quelques années, qui y ont gardé quelques amis, et ceux-là me font sourire aussi ... quand avec moult détails ils s'imaginent "franco-marocains" ...
Et il y a moi, ignorante de tout, du vrai et du faux et pensant que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil"... et je vais de surprise en surprise !
c'était juste une petite parenthèse !
Donc, nous arrivons très tard, juste à l'heure de pointe en plein centre de Marakech ! Il est 20 à 20 h30 ... des voitures, des charrettes, de mobylettes, des vélos ... j'ai écrasé personne, quel bonheur ! et en plus j'ai suivi la voiture de Christophe sans la perdre de vue... un miracle ! je le double, m'arrête et je décide là, en cet instant même, que je ne passerai pas la nuit à Marakech !!!
Christophe m'indique la direction de l'autoroute... Inutile de prendre une piste touristique à cette heure-ci ! Je vais mettre une heure pour sortir de la ville ! Non, non, j'ai bien le sens de l'orientation, même la nuit, même à Marakech ... C'est juste que la panique est telle dans cette ville que t'avance pas ! les rond-point : une vraie cata ! faut être sûre de pas te faire embarquer par le bus qui déboule puis qui stoppe net pour larguer 2 passagers, t'as les bagnoles, derrière qui klaxonnent, t'as les mobs qui te passent presque dessus ; les vélos, n'en parlons pas et je ne compte pas ceux qui t'insultent mais comme tu comprends pas, tu crois, pour de semblant, qu'ils te saluent ...
j'te parle pas des feux, tu sais les verts et les rouges... quand y'en a ! et quand y'en a pas, tout le monde se rue, tu te crois un jour de soldes puissance 1000 ! AH ! et je t'ai pas dit, en plus, les gens qui traversent et que t'avais pas vus ! tu fais "pile" et tu comprends que c'est pas ça qu'il fallait faire ! parce que là-bas, c'est dans la tradition de traverser au milieu des voitures, mais de, quand même leur laisser la priorité ... on va m'expliquer, plus tard, que "lorsque quelqu'un traverse, tu dois tracer sans t'occuper... c'est à lui de s'arrêter ... sinon tu le déstabilises dans son action de traverser en effraction" ...ouais, je peux comprendre ! mais j'ai du mal à fonctionner comme ça et surtout à appliquer la règle !
Moi, là, au milieu, je garde tout mon self control ... tu sais pourquoi ??? ben, tout simplement parce que j'ai décidé que je ne vais pas dormir là et que le seul moyen d'en sortir c'est de ne pas paniquer ... et j'ai eu raison !
Une heure après, me voilà, je ne sais où, sur l'autoroute bien décidée à la quitter dès la prochaine sortie pour trouver un hôtel ... Rigolade ! Je rate la sortie ... après, tu roules au moins 40 bornes avant d'en trouver une autre ! je me dis que je peux rouler encore un peu avant d'être trop crevée ... alors, je roule !!! pas trop vite à cause des limitations, des chiens errants et des "éventualités" ...
Hop ! une sortie ... au péage, le gars "se trompe" en me rendant la monnaie (à son avantage, bien sûr)... je ne dis rien, j'ai pas osé ... mais avant de rendre la monnaie, il sort de sa cabane et me demande où j'habite ... réponse : "Paris" (avec une immatriculation 13, je suis pas trop crédible, mais tant pis ... c'est la voiture de mon mari ... qui m'attend plus loin ...), alors, il me demande mon N° de téléphone ... Mais, je le crois pas !!! Bon, je traîne pas là ... Je me casse ! 5 Km plus loin, c'est la ville ... Waouh !!!... l'angoisse, ça n'a rien de Paris by night ! ... j'reste pas là ... et je fais demi-tour, et reprends l'autoroute ... Même péage, même mec ... je prends mon ticket et je trace ...
Et ainsi, à l'entrée de Casablanca ... Ouais, t'as bien entendu ! j'ai fait Taliouine-Marakech-Casa ... et à l'entrée de Casa, je lis en énormes lettres "I B I S" ... Ouf ! je vais pouvoir me doucher, me reposer, me relaxer, me chouchouter, répondre à mes messages, lire et envoyer mes mails, en un mot : je vais me poser !!!
Pas de place dans le parking ! pas grave, au stade où j'en suis, je stationne devant l'entrée, devant une Mercédès et derrière une autre Mercédès ... ma Clio fait grise mine, elle est pourrie, boueuse, crade, chargée comme un mulet ... et ben, faut pas croire !!! le mec de la sécurité m'accueille avec le sourire, le portier de l'hôtel, pareil. Alors j'accompagne mon sourire de quelques mots gentils, d'une petite excuse pour le stationnement provisoire et j'entre dans l'hôtel Ibis, mon préféré, pour m'entendre dire qu'il est complet ... Ah, non, c'est pas possible ! je propose qu'on m'installe sur le palier, devant l'ascenseur, derrière la lingerie, ou près des cuisines ... Non ! complet ! Il est 23 heures ! et franchement, j'en ai marre de rouler !
Alors, je rentre dans Casa et je suis, très à la lettre, les indications qu'on vient de me donner pour arriver sur le port et trouver là 2 grands, immenses et magnifiques hôtels : Mercure et Ibis ... Ma préférence va à l'Ibis, évidemment ! ... Hall de luxe, personnages luxueusement vêtus, hommes d'affaires qui concluent leur buisiness ... même pas honte de mon grand pull qui tombe sur mes chaussettes, de mon écharpe qui traîne par terre, des lacets défaits de mes Converse, de mon sac fourre-tout qui recèle mes plus grands secrets, de mon matériel informatique-photographique-téléphonique que je traîne à bout de bras ...
Bref, un peu romano sans roulotte, un peu saltimbanque sans guitare, un peu migraineuse sans doliprane, et beaucoup envie de poser mes sacs !!!
Malgré mon état en voie de délabrement avancé ... l'accueil me réserve un ... accueil chaleureux ... C'est bien, mais quand je donne ma carte bleue ... elle passe pas !!! Il manquait plus que ça !!! j'insiste. je dis "c'est pas possible" dans toutes les langues, et maudissant ma carte qui avait dû perdre sa puce quelque part ou mon compte qui s'était déjà vidé, très fâché par mes dernières transactions ... Bref, le gars de l'accueil a une super idée ... il inscrit tous les numéros ... et ... ouf ! ça marche !
Aussitôt, mon moral retrouve son état normal, mon sourire reste figé, ma migraine s'envole et enfin, je vais pouvoir me doucher ! et me coucher !
Eh ben, non ! j'écris à mes enfants, je visionne mes photos du jour et ... je découvre la ressemblance de Dounra et de ma fille ... et là, je ne peux plus dormir ! jusqu'à 4 heures du mat' à gamberger ! pas grave, j'ai l'habitude. Je dors peu et je vis la nuit, et le jour aussi !
Je pense aussi à demain ... j'ai rendez-vous avec Driss, à Rabat, avec en projet de l'accompagner dans la ferme familiale, dans la région de Fès ...
Et , c'est vrai, que là, je vais vraiment poser mes sacs et trouver le calme et le repos dans cette campagne auprès de femmes, de leurs enfants, et de gens tellement gentils et accueillants ...
Je vous raconte cela bientôt ...